Si l’Homme est un animal social, quelle est la place du jeu en la société ? Longtemps, le jeu fût perçu comme le point où tout déchoit, où les instruments obsolètes des adultes vivent une seconde existence abâtardie entre les mains des enfants. Aujourd’hui, son importance culturelle ne fait plus de doute. Si c’est à Huizinga, par son Homo Ludens, que revient l’honneur d’avoir amorcé la révolution, Roger Caillois présente ici la première théorie globale des jeux (là où ses prédécesseurs laissaient les jeux de hasard dans l’ombre). Délaissant le seul point de vue enfantin, Caillois, par ce livre, poursuit le double objectif de Sociologie du jeu et de sociologie par le jeu. Définissant le jeu comme une activité libre, séparée, incertaine, improductive et réglée et/ou fictive (ces deux éléments étant quasiment systématiquement exclusif l’un de l’autre), l’auteur entreprend tout d’abord une classification des jeux. Pour cela, il réparti les jeux en quatre catégories : – l’agon (esprit de compétition) – l’aléa (jeu du hasard) – la mimicry (le simulacre) – l’ilinx (les jeux de vertige) De ces catégories, nous sommes invités à observer la poursuite de l’esprit hors du domaine du jeu. L’agon étant ainsi une représentation du sport et de la guerre, l’ilinx trouvant ses poursuites dans les alcools et autres produits stupéfiants, etc.