22 décembre 2021 par Jean Mermoz
Alors que les européistes hexagonaux chantent de force l’Hyménée de la vieille France et de la jeune Allemagne, Coralie Delaume nous dévoile les secrets de Mélusine et le poids des dots.
Introduisant l’ouvrage par un rappel du caractère uniquement franco-intelligible de la notion de couple entre nos deux états, l’auteur revient dans le premier chapitre sur les rasions pour lesquelles les gouvernants français ont les yeux de Chimène pour le pays de Goethe.
C’est que la France cultive beaucoup trop l’égalité aux yeux de ces figures d’un nouveau parti des émigrés de Coblence. Reprenant Jean-Loup Bonnamy (p78), il est mis en lumière à quel point le parti européiste correspond à la France contre-révolutionnaire de 1881.
Prêts à un pacte faustien, les Thiers du temps souhaitent donc échanger la souveraineté contre un nouveau tour néolibéral à l’allemande sur laquelle ils comptent rejeter la faute.
Comme dans toute union consacrée, se pose la question du régime matrimonial. Tous les participants se sont accordés pour le nomme Europe. Cependant, le contenu reste sujet à débat.
Si le Général de Gaulle souhaitait, au travers des plans Fouchet, opter pour la séparation de biens, les descendants de Jean Monnet tentent d’imposer la communauté universelle. Moyen selon eux de rendre le divorce impossible, les biens des époux étant indiscernables et donc inséparables. Méthode consistant à descendre au fond des geôles et à dire au détenu que la complexité à retirer les fers fait qu’il ferait mieux de rester.
N’ayant aucune intention de se marier, l’Allemagne est prête quant à elle à accepter un système dotal où la France apporterait son dû sans patrimoine réservé et sans réciproque.
Car l’Allemagne a déjà eu une noce récente. Avec elle-même. En effet, la Réunification, premier pas de la réconciliation du pays avec lui-même, a déjà couté très cher aux allemands qui refusent de payer une nouvelle lune de miel à l’échelle d’un continent, dont ils ne voient pas d’unité. Oubliant astucieusement que ledit continent a en réalité supporté une large part de l’annexion de la RDA par la RFA.
En situation de courtisée inintéressée, l’Allemagne peut donc imposer ses décisions à sa prétendante qui n’attend d’ailleurs que de se mettre à son service, espérant par là attirer ses grâces. Ravie des attentions mais sans intention aucune de retourner un quelconque geste d’affection, l’Allemagne joue donc au maximum de ses charmes sans jamais vouloir prendre les responsabilités.
« Così fan tutte » (1) comme disait Mozart.
Comme la Cassandre de Ronsard, la beauté allemande s’estompera (s’estompe). De manière prophétique, Coralie Delaume nous annonce donc la fin de l’Europe germanique.
(1) « Ainsi font-elles toutes »
Camarade Corentin