5 novembre 2021 par Jean Mermoz
Feuillets de guerre rédigés par Marc Bloch entre juillet et septembre 1940.
Marc bloch, assistant sur le vif à la débâcle française, retrace la généalogie de ce qui selon lui, constitue « une défaite de l’intelligence et du caractère”.
La défaite de la parole préfigure celle des armes. La promotion béate d’un pacifisme niais et infantile dans les hautes sphères de commandement durant les années 1930 contient en elle-même, selon lui, la déroute que va subir ce “régime de notables”.
La timidité des Âmes annonce la morgue collective. Bloch ne cessera jamais d’enjoindre cette “classe de rentier” à quitter cette littérature du renoncement, la France n’a pas vocation à devenir “un musée d’antiquailles”.
La veulerie bourgeoise du ramassis de paltoquets servant de haute administration française est impardonnable pour Marc Bloch.
Flétrie par son “incapacité au commandement”, engoncées dans une morne routine paperassières, il assiste à l’irrémédiable déconfiture des différents corps élitaires français.
Paroxysme de la douleur lors de son retour de la bataille des flandres, le Général Blanchard lui dit obligeamment : “ Et bien ! Vous vous êtes donc, vous aussi tiré indemne de cette aventure ? “
Tristesse de la Parole, inconsistance du verbe. Les mots précèdent les choses dans l’âme d’un Peuple.
Ce général Blanchard, grand foutriquet s’il en fut, ne désemplira pas de sa bourgeoise mission “d’accomodement face à la défaite”.
Le voici quelques pages plus loin, Bloch nous décrit sa furtive et involontaire interception d’une déclaration de celui-ci ou il affirme : “Je vois très bien une double capitulation”.
La compromission, simple couardise en acte, révulse profondément Marc Bloch. Dans les eaux fermentées de l’accommodement raisonnable face à l’ennemi, pousse irrémédiablement les racines de la défaite.
Pleinement engagé physiquement dans ce conflit, Marc Bloch rédige en quelques mois un livre dont la pertinence des constats par delà les années est inquiétante.
“Car il n’est pas de salut sans une part de sacrifice; ni de liberté nationale qui puisse être pleine, si on n’a travaillé à la conquérir soi-même. »
Camarade Henri